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Marcher dans la beauté
13 juillet 2007

Les yeux

Je viens de lire sur le blog de François Delivré un très beau texte troublant intitulé les yeux qui m'a donné envie de rebondir comme on surfe à la surface d'une vague. Je lui emprunte juste sa première phrase...

Tes yeux, c'est du jour et de la vie, ça change tout le temps. Je les vois pétiller quand tu t'animes, s'éteindre quand tu te concentres. Tes yeux, ils ont la couleur du ciel, tous les gris de l'orage, le blanc des nuages et parfois, le beu insondable des grandes éclaircies, tes yeux où j'ai tant aimé plonger sans me mouiller. Ils ont vu passer tant de personnes, ils ont caressé tant de corps, commencé tant de courbes que tes doigts ont achevé. Ils ont jaugé tant de quidams qui venaient te confier qui une tranche de vie, qui partager un regard ou un bon mot, qui donner des nouvelles ou en prendre. Avec le temps et les coups, donnés et reçus, tes yeux ont perdu leur douceur : tu les as aguerris, endurcis, armés. Et quand tu te regardes ce matin dans la glace, dans cette singulière intimité du rasage, si tu regardes bien, tu verras perler quelques larmes, quelques traces d'émotion encore affleurante, quelques traces des yeux de petit garçon. Quelques perles d'un éclat singulier.

Tu sais que si tu souffles la lumière dans ton coeur, la bougie de l'expérience, tes yeux se fermeront. Tu as vu tant de défaites, tant de haines, tant de traitrises, tant de parjures que tes yeux sont las. Tu as vu tant de baisers, tant de rires d'enfants, tant de joues rosir que tes yeux continuent de scruter le monde .Tes yeux ou le boitier à qui tu prêtes ton regard singulier. Tes photos dévoilent ta relation au monde, à ses couleurs, à ses mouvements. Elles disent ce que tu refuses aux mots : un pavé dans la mare, un port d'attaches, un doute, parfois même une surprise, un geste, une rondeur, un regard. Tes photos parlent de ce qui te touche, pas de ce tu n'acceptes pas, ni de ce que tu refuses. C'est sans doute ton intime le plus doux. Je les ai vus rieurs, je les ai vus plein de larmes, je les ai vus inquiets, je les ai vus heureux.Tes yeux, c'est du jour et de la vie, ça change tout le temps.

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Commentaires
A
Tes mots aussi sont d'une fulgurance troublante. Ils s'impriment dans la rétine et laissent leur empreinte, comme des pas dans la neige, à l'intérieur. Parce qu'ils sont beaux.
S
A un ami qui me demande àlalecture de ce texte si ça m'es venu comme ça, je réponds que l'écriture c'est toujours un peu d'autobiographie et une étincelle. Et de la liberté.<br /> L'étincelle, c'était le texte de FS, l'autobiographie, un e-mail que j'ai reçu (et dont l'auteur me disait entre autres "je crois que je vais aller piquer une tête dans une très grande et très belle vague... sans me mouiller !") et des souvenirs éparpillés de photos. Et la liberté, c'est celle d'écrire une histoire qui donne du sens et du lien à des bribes éparpillées.
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